- MADAGASCAR - Actualité (1990-1996)
- MADAGASCAR - Actualité (1990-1996) P align=centerRépublique démocratique de MadagascarPolitique intérieureLe 8 juillet 1991, une grande manifestation regroupe près de 400 000 personnes à Tananarive. C’est la plus importante organisée par le mouvement de contestation, qui réclame depuis le 10 juin une révision de la Constitution et le départ du président Ratsiraka. Le 16, le mouvement Forces vives, qui regroupe toute l’opposition, décide de créer un gouvernement de transition: le général Jean Rakotoharison et Albert Zafy sont nommés respectivement président et Premier ministre. Le 23, l’état d’urgence est décrété et les lois d’exception votées 15 jours auparavant par le Parlement entrent en vigueur. Toutefois, les manifestations se poursuivent les jours suivants. Le pouvoir fait enlever 4 membres du gouvernement de transition. Le 28, le président Ratsiraka annonce la dissolution de son gouvernement et la préparation d’une nouvelle Constitution. Il fait libérer les ministres enlevés. L’opposition continue à exiger son départ.Le 8 août, Guy Willy Razanamasy est nommé Premier ministre. Le 10, l’opposition organise une «marche de la liberté» sur le palais présidentiel d’Iavoloha. Les autorités choisissent cette fois la répression: les forces de l’ordre tirent dans la foule, faisant au moins une douzaine de morts, selon un bilan officiel. La presse avance le chiffre de 200 morts.Le 1er novembre, Guy Razanamasy forme un gouvernement de coalition. Le 23, l’entrée en fonctions de la Haute Autorité de l’État, chargée d’assurer la transition jusqu’à la nouvelle République et présidée par Albert Zafy, met fin à la crise politique. Le président Didier Ratsiraka reste en fonctions en tant que symbole de l’unité nationale et chef des forces armées.Le 19 août 1992, une nouvelle Constitution est approuvée par 76 p. 100 des votants.Le 25 novembre, le candidat de l’opposition Albert Zafy est en tête au premier tour de l’élection présidentielle.Le 10 février 1993, Albert Zafy est élu président avec 66,62 p. 100 des voix, contre 33,38 p. 100 pour Didier Ratsiraka. Il devient le premier président de la IIIe République.Le 16 juin, élections législatives. Le mouvement Forces vives, sur lequel s’appuie le nouveau président, se retrouve avec une majorité diminuée. La direction du gouvernement est confiée à Francisque Ravony qui obtient le 24 août la confiance de l’Assemblée nationale.Le 2 février 1994, le cyclone Geralda s’abat sur Madagascar; il laisse, en plus des 300 morts et disparus, 360 000 personnes sans abri. Le gouvernement fait appel, le 6, à la solidarité internationale.Le 17 septembre 1995, les électeurs approuvent par référendum, à 72,28 p. 100, la réforme constitutionnelle visant à confier au chef de l’État, et non plus au Parlement, le soin de nommer le Premier ministre. Cette mesure doit permettre de résoudre la crise politique provoquée par les luttes d’influence continuelles entre le président Albert Zafy, le Premier ministre Francisque Ravony et le président du Parlement Richard Andriamanjato. Le 13 octobre, Francisque Ravony présente sa démission. Le 30 octobre, il est remplacé par Emmanuel Rakotovahiny.Le 28 mai 1996, le Premier ministre Emmanuel Rakotovahiny – choisi par le chef de l’État – ayant été censuré par l’Assemblée, le président Zafy nomme à la tête du gouvernement Norbert Lala Ratsirahonana.Le 26 juillet, l’Assemblée nationale vote, sur l’initiative de Richard Andriamanjato et à la majorité des deux tiers, l’empêchement du président Zafy. Ce dernier est accusé d’avoir violé la Constitution en retardant l’adoption de plusieurs lois et en rattachant à la présidence l’inspection générale de l’État dont la mission est de contrôler l’administration. Albert Zafy était de plus en plus critiqué, tant par l’opposition que par la majorité présidentielle, pour sa personnalisation du pouvoir et son inaction face à la crise économique.Le 5 septembre, la Haute Cour constitutionnelle confirme la motion d’empêchement. Elle désigne le Premier ministre comme président par intérim.Le 29 décembre, Didier Ratsiraka remporte de justesse le second tour de l’élection présidentielle, avec 50,71 p. 100 des suffrages contre 49,29 p. 100 pour le président sortant, Albert Zafy. Didier Ratsiraka a déjà été président de 1975 à 1991. Le taux de participation est faible, 49,66 p. 100.Vie économiqueEn 1990, le président Ratsiraka poursuit la remise en ordre de l’économie. Les résultats sont inégaux. La récolte de riz bénéficie des mesures de libéralisation en faveur des planteurs, en vigueur depuis 4 ans.En 1991, la crise politique contribue aux difficultés économiques. La suppression des subventions accordées aux produits alimentaires renchérit le prix du riz, dont les Malgaches sont les plus grands consommateurs mondiaux. Les importations en provenance du Vietnam doivent désormais être payées en devises et aux cours mondiaux. Les cours des principales denrées d’exportation (litchis, poivre, girofle) baissent.En 1992, Madagascar ne parvient pas à conclure d’accord avec les institutions financières internationales, ces dernières préconisant une dévaluation du franc malgache, mesure à laquelle le ministre des Finances est opposé.En août 1993, Francisque Ravony présente un programme qui rompt de façon radicale avec l’orientation marxiste du passé. Le Plan de développement économique et social s’appuie sur un accroissement de l’initiative privée. L’objectif est de lutter contre le chômage, l’inflation et la corruption. Le marché malgache est ouvert aux nouveaux investisseurs, nationaux ou étrangers. La Banque mondiale estime que le niveau de vie des Malgaches a diminué de 40 p. 100 entre 1971 et 1991. L’endettement atteint 120 p. 100 du P.I.B.En 1994, la situation de l’économie malgache continue de se dégrader alors que les luttes se poursuivent entre le Premier ministre, partisan de l’application de mesures de rigueur en vue de satisfaire aux exigences des organisations multilatérales, et le chef de l’État, soutenu par le président du Parlement, qui préconise le recours à des «financements parallèles» – d’origine douteuse – en vue d’échapper à la tutelle des institutions de Bretton Woods. Le flottement du franc malgache sur le marché des changes est toutefois institué. L’année est également marquée par le déclin des cultures traditionnelles de vanille et de café.En 1995, le limogeage du gouverneur de la banque centrale, principal exécutant de la pratique des «financements parallèles», permet à Madagascar de signer une lettre d’intention avec le F.M.I., mais les exigences de celui-ci tardent à être satisfaites. À la suite du référendum constitutionnel et de la démission du Premier ministre, le président Zafy se dit partisan d’un accord rapide avec le F.M.I. Celui-ci conditionne l’apport de capitaux étrangers qui, seul, doit permettre à la Grande Île de renouer avec la croissance.En 1996, la nomination d’un Premier ministre apprécié par le F.M.I. et le remplacement d’Albert Zafy à la tête de l’État apparaissent comme des éléments favorables en vue de l’obtention, auprès de l’organisation financière internationale et des donateurs, des crédits nécessaires à la consolidation de la politique d’assainissement financier et de libéralisation de l’économie engagée par Norbert Lala Ratsirahonana. Les revenus de la pêche et du tourisme sont en passe de supplanter ceux du café et de la vanille.Relations internationalesLes 14 et 15 juin 1990, Tananarive reçoit, pour la première fois depuis l’indépendance en 1960, un chef d’État français. François Mitterrand confirme l’annulation de la dette publique de Madagascar.Le 14 août, des accords de coopération sont conclus avec l’Afrique du Sud, à l’occasion de la visite du président Frederik De Klerk.Le 9 février 1994, le Premier ministre malgache, en visite à Paris, déclare qu’il souhaite renouer avec la France, car «la coopération a beaucoup diminué depuis 3 ans».
Encyclopédie Universelle. 2012.